l'intérêt d'être en veille radio sur 143.9875

[DanielW]

Un message transféré depuis le Discord du Roussillon qu'il me semble intéressant de partager et qui fait suite à 2 accidents :

Message de @Joseph Giral : "Bonjour,
Deux accidents en deux jours, c'est trop.
Aujourd'hui, heureusement que je me trouvais à porté de la radio de ce pilote qui a posé un peu fort dans la vallée d'Angoustrine. Une fois qu'il m'a contacté par radio (FFVL) , j'ai fais un appel radio pour relayer son appel, et bien là, personne sur la fréquence de secours. J'ai mon téléphone sur le cockpit , j'appelle Jérôme, lui explique l'accident et il déclenche les secours (PGHM).
Sur ce cas, il y a un problème sur la fréquence de secours, personne en écoute, je pense que le minimum c'est qu'il y ai une radio ouverte sur cette fréquence et un personne en écoute.
D'autre part, là où a posé le pilote, pas de réseau téléphonique, ou sinon c'est lui qui aurait passé l'appel des secours.
Hier Albert tombe à coté de Themis , on le vois et on lance les secours pas de problème.
Hier et aujourd'hui les températures sont très élevées, ce qui génère des thermique violents.
Donc, dans ces conditions fortes, on vole loin du relief.

Donc avant de décoller , est ce que je suis capable de voler dans ces conditions, sans danger et en me faisant plaisir.

Réfléchissez avant de décoller , sans se faire intoxiquer par les autres pilotes.
Il vaut mieux regretter d’être au sol que en l'air.

Animateur Sécurité Joseph GIRAL"

[sebiscuit]

La veille radio , le principe est bon , mais dans la pratique on est nombreux a ne plus être sur cette fréquence ...pas envie d écouter la vie de certains guignols qui ne se privent pas d utiliser cette fréquence comme un réseau social

[Guy]

C’est une vision des choses.
Lorsque tu es pendu dans ton arbre perdu au fin fond de nul part , il est clair que pouvoir communiquer avec l’hélicoptère est un atout appréciable; et puis avoir les infos des balises d’alentour peut (aurait pu) avoir une utilité …

[DanielW]

La veille radio , le principe est bon , mais dans la pratique on est nombreux a ne plus être sur cette fréquence ...pas envie d écouter la vie de certains guignols qui ne se privent pas d utiliser cette fréquence comme un réseau social

C'est certain que telles communications qui n'ont rien à faire sur cette fréquence qui se veut dédiée à la sécurité des libéristes, sont pénibles.

Maintenant être en veille dessus est aussi un acte de solidarité entre liberistes pour espérer une sécurité assurée au mieux.

Le message que j'ai cité dans mon 1er post en est un exemple parlant. Suivant ou se termine le vol, ce n'est qu'un relai par radios en vol qui peut éventuellement prévenir les secours car les communications de celui vaché peuvent être compromises par les reliefs alentours.

Après évidemment chacun fait comme bon lui semble...

[Seb]

Merci Daniel pour le relais de cette info
Ça me rappelle une fois de plus qu'il faut que je passe sur une bi-bande...
Et pour le blabla sur la fréquence FFVL, il ne nous est pas interdit de rappeler qu'elle n'est pas prévue pour indiquer à notre moitié ou bouger avec la voiture pour nous récupérer (après une analyse des conditions de vol en direct avec love tracki'g verbal... C'est de ça dont tu parles Sebiscuit ?????)

[sebiscuit]

Entre autre ..... Y a rien a dire a ce genre de personne , tu dis dit un mot t as l'avalanche d insultes qui tombent pendant 20 min

Mais on en capté aussi d autres qui papotent ...

Bref je m y risque plus sur cette fréquence ...pas envie de tripoter ma radio en l'air

[catherine]

Merci Daniel pour le relai
C’est certain qu’avoir cette fréquence fonctionnelle est important pour la sécu. Pour déclencher les secours mais avoir les balises c’est aussi de la secu.
C’est aussi vrai qu’elle peut être polluée par des irréductibles, mais c’est une toute petite minorité de pilote. ( ça suffit néanmoins à être pénible, c’est indiscutable)
Un des axes d’évolution c’est de faire de la formation autour de l’usage de la radio : on le fait à l’école auprès de nos élèves et dans les formations d’encadrants..,
il faudrait aussi que chaque AS, chaque accompagnateur, chaque moniteur relaie l’info sur les radios ( l’usage des fréquences, lesquelles, la réglementation, comment on parle à la radio de façon audible, comment on installe la radio, avoir une radio de qualité, à quoi ça sert une radio…)
Ça pourrait être un point sécu autour des radios lors d’un événement de club.
Si on sait lire (): il y a un très bon descriptif de Gilles Misselin sur le site FFVL.
Bref je crois qu’il faut tenter la voie de l’information ou la formation autour des radios, chacun a son niveau pour tout bien recadrer

[DanielW]

Effectivement Catherine, comme pour beaucoup d'autres sujets, en parler, expliquer quitte à rabâcher, peut amener des changements de comportements même parmi les plus "irréductibles".

Il existe sur la plupart voire sur toute nos radio une fonction dans leur menu qui peut être une aide pour les seulements distraits et/ou bavards.
Cette fonction qui s'appelle le plus souvent "TOT" permet de limiter le temps d'émission. Celà oblige à s'éduquer soi-même à formuler des messages courts et qui pourtant se veulent pertinents.

Alors évidemment ce n'est pas à utiliser en encadrement car des circonstances exceptionnelles peuvent demander une présence forte dans l'oreille de l'encadré.

Mais sortie de ce contexte particulier, un temps de parole limité à une quinzaine de secondes suffit pour transmettre les infos vraiment utiles en mode télégramme (qui à qui, altitude, position, cap, conditions de vol) Et ce temps limité de parole nous éduque à nous en tenir à ce qui est essentiel, ce qui n'est pas naturel pour aucun.

[DanielW]

Le pilote de l'accident en question a fait un RETEX de celui-ci. Il me semble que sa lecture peut être intéressant même sans connaître le coin. Précision qui est, à mon avis, utile. C'est un assez jeune pilote dans la trentaine dans sa 2ème année de licence, plutôt doué pour tirer les ficelles et qui a connu une progression très rapide (trop, à mon sentiment) :

"Retour d’expérience de mon accident du 24/07/24 aux Mauroux.

Je profite de mon séjour à l’hôpital pour vous écrire un roman ! Pas obligé de tout lire, mais vous pourrez peut-être m’aider à mieux comprendre ce qui s’est passé, et ça pourrait même servir à d’autres, qui sait...

Déco alimenté sans plus, Sud à SSE. Quelques pilotes au déco, d’autres déjà en l’air. Certains font des ploufs, d’autres se maintiennent, et quelques-uns sont en partance d’être perchés.
Décollage un peu avant 13H, bon thermique dès la sortie du déco, arrivé dans une zone turbulente, je décide d’attendre un peu que les conditions soient plus établies pour partir. L’idée du jour étant d’essayer de faire une boucle en passant par le Carlit si possible. Le jour semble propice d’après la discussion avec 2 pilotes locaux et les prévisions généreuses.
Il me faut gratter un moment avant de retrouver un bon thermique qui me monte assez pour passer tranquille la vallée d’Angoustrine et d’aller rejoindre une zone qui me semble propice à refaire un plein, pour ensuite longer les crêtes qui mènent au Carlit. Et effectivement je fais un bon plein à 3456m. Arrivé au nuage, je pars vers le nord pour rejoindre les crêtes. Légèrement contré par le vent de secteur NW à cette altitude, je perds de l’altitude mais assez certain de trouver des bons thermiques sur ces belles faces sud, je continu un peu. Je trouve bien des trucs mais ça secoue trop pour moi, petite fermeture de boue d’aile et grosses abattées me font fuir la zone, sûrement les turbulences du NW arrivant de derrière le relief (d’ailleurs bien prévu en altitude) que le Sud ne contre pas dans cette zone. Pourtant il me semble que le NW était bien plus haut que le relief. Peut-être des turbulences des thermiques qui doivent être puissant dans cette zone rocailleuse et bien exposée. Je pars donc mais en perdant vite de l’altitude, et là peut être une erreur stratégique (l’idée de survoler vraiment le sommet du Carlit ne m’était pas encore assez sortie de la tête, le voir de haut ne m’avais pas suffi, mais au contraire donné plein d’espoir !) : je vais dans un premier temps dans un coin à pierrier ou j’espère me refaire, mais devant la perte l’altitude et l’impossibilité de vacher, je change de direction vers un secteur vachable. Les conditions sont meilleures mais je ne me refais pas. J arrives dans la vallée d’Angoustrine avec ses roches face sud où j’ai bon espoir de remonter, mais rien de bien foufou ! Je gratte ensuite tout un moment sur la face orientée ouest qui prend déjà bien le soleil et est un peu alimenté par le vent. Pas assez pour repasser la crête. Je choisi un petit pré pour me vacher. Est-ce ma seconde erreur, est-ce que je n’aurai pas dû essayer de filer de là, vers un secteur plus dégagé ? Mais ce que j’en avais vu était une grande zone boisée pas très attirante à basse altitude ! Et les endroits vachables ne me paraissaient impraticables, petits mais pas trop coincés dans la végétation.
Cette petite clairière (pas très loin du four solaire, de l’autre côté de la crête, entre la piste et le ruisseau) pas trop boisée ni caillouteuse devrait bien le faire. Je fais une approche qui me semble correcte, face à la brise de vallée montante. Mais c’est assez turbulent, beaucoup de bulles qui déclenchent, donc je fais des S pour rester bien en entrée du terrain qui n’offre quand même pas trop de marges. Et là tout d’un coup, une tapette à mouche géante mais invisible (un tout cas que je n’avais pas vu venir !) me projette violement au sol. A peine le temps de mettre un grand coup de frein pour essayer de faire un arrondi, mais inefficace, je m’écrase au sol. (Compassion avec les mouches écrasées par les tapettes !).
J’ai bien posé face au vent car la voile tombe derrière moi. Je ne pense pas qu’il y ait eu ni fermeture, ni décrochage.
L’impact est très violent, sur les fesses. J’entends un gros craquement. Je ne peux quasiment plus bouger. Je sais tout de suite que c’est sérieux. Je gesticule un peu pour essayer de trouver une position supportable, en vain. J arrives quand même à me dégager de la sellette (pour ne pas risquer de me faire trainer par le vent, quoique faible). Je me mets en PLS. Je prends le tel que j’avais dans la poche, pas de réseau ! Appel radio sur 154.150, aucune réponse. Je change difficilement de fréquence pour passer sur la 143.9875, nouvel appel, quelqu’un fini par répondre (mais une seule personne !), peut-être la vallée est un peu trop encaissée pour bien émettre et recevoir. D’après ses appels radio je comprends que personne ne semble avoir de radio allumée, ça craint ! Il arrive quand même en vol à prévenir les secours par téléphone, qui arrivent assez rapidement. Entre-temps j’ai réessayé le tel qui a suffisamment capté quelques secondes pour joindre les pompiers et aider à la géolocalisation. Arrive d’abord le PGHM en 4*4 (heureusement une piste arrive très proche), on communique par radio. Puis hélico du SAMU. Un grand merci aux équipes de secours, supers pros, efficaces et gentils. La médecin anesthésiste me shoote à la morphine et kétamine, pour me basculer dans la coquille. Ils m’avaient prévenu que j’allais me réenvoler jusqu’au Carlit, est c’est vrai ! Pris dans un incroyable thermique lumineux, je virevolte dans la lumière… Je ne sais pas trop combien de temps ça a duré, mais c’était incroyable. "

[DanielW]

La suite de son RETEX :

"Retour à la réalité, coincer dans la coquille, sur le brancard, départ en hélico pour Perpignan. L’hôpital, une ruche de soignants pour la plupart très dévoués, bienveillants et à l’écoute. Un grand merci à tous.
Je questionne un peu la médecin anesthésiste venu dans l’hélico, quand je la revois aux urgences, pronostique au vu du diagnostic de terrain pouvant aller au mieux de 45 jours de corset à paralysie des membres inférieurs, ça calme… Après le scanner, le chirurgien m’explique qu’ils vont faire une réunion de spécialistes pour parler de mon cas. Il m’annonce finalement que j’ai le choix entre trois mois de corset ou une opération pour redonner à la vertèbre sa taille normale et injection de ciment pour recoller les morceaux. Avec le corset risque d’aggravation si la vertèbre bouge un peu et touche la moelle épinière. Avec l’opération, apparemment très peu de risques mais beaucoup de bénéfices (pouvoir remarcher rapidement et reprendre une vie presque normale). Bien que très réfractaire à la médecine allopathique en temps normal, en cas d’urgence ça parait plus tentant ! (reste à espérer que dans le temps les produits injectés ne soient pas néfastes…)
Je devais passer en urgence le mercredi soir, mais trop d’urgences vitales en priorité. Pas de place dans le service de neurochirurgie, on me trouve finalement une chambre pour attendre la nuit dans un autre service et être opéré le lendemain matin. Qui devient ensuite le jeudi fin d’après-midi, pour passer au vendredi matin, qui devient l’après-midi. L’attente est longue sans pouvoir bouger, assez douloureuse malgré les drogues, et je vois le week-end arriver et donc l’attente encore se prolonger…
Finalement on m’amène au bloc ! Anesthésie générale, et j’ai l’impression de ressortir quelques secondes après, tout s’est bien passé, ouf ! Je fais mes premiers pas dès le lendemain matin ! ça parait incroyable. Plus besoin d’aller à Lourdes pour les miracles, l’hôpital les faits !

Je pense avoir été projeté au sol par une forte descendance entourant une bulle ascendante. Après analyse des valeurs enregistrés par la balise la plus proche, peut-être des turbulences du vent un peu fort alors mesuré SW alors que la vallée est Nord/Sud. Pourtant le ressenti dans la vallée est un vent assez faible, montant. Mais avec beaucoup de bulles. Peut-être que ce fond de vallée est propice à un effet cocote minute ?
Je suis très preneur de vos analyses sur ces points. (voir trace GPS, valeurs balises et prévisions météo-parapente).

Juste après l’impact, tout va très vite dans ma tête. Alternance entre gérer la douleur qui me fait hurler, appeler à l’aide (je sens que c’est très urgent et la liaison difficile), et les idées. Je pense à ma femme et mes enfants, à tout ce qui est en cours que je ne vais pas pouvoir faire (finir les travaux de la maison, le stage cross parapente de la semaine prochaine…), l’angoisse d’être handicapé… Je me trouve trop con de prendre ces risques, j’en connais bien les conséquences, mon père étant mort d’un accident de delta-plane à mes 15 ans. Ce qui m’a bien traumatisé et a laissé des grosses séquelles dans la famille. Je n’ai pas envie de faire vivre ça à ma femme et mes enfants, et pourtant l’addiction est là… Paradoxalement le parapente me donne tellement envie de vivre !
J’ai bien fait l’expérience de la célèbre phrase : « en parapente, le plus dur c’est le sol ! » il n’y a pas de doute là-dessus. Par contre on dit souvent « mieux vaut regretter d’être au sol que dans les airs ». Sur ce coup-là j’ai sérieusement regretté d’être au sol, j’aurais préféré rester en l’air !


Bons vols et prenez soins de vous !

[FabriceR]

Merci pour le partage Daniel

[sebiscuit]

Au delà de la veille radio , ça soulève aussi le sujet de ' voler seul ' , c est un engagement a prendre en compte .
Les pilotes qui volent souvent seuls, s equipent de balises spotair, qui permettent l envoi de messages d urgence et du point gps .

Tout miser sur la radio c est chaud ...en L air on capte bien , mais une fois au sol c est plus la même .

[Seb]

Je suis convaincu de l'utilité de la fréquence 143.9875
Mais comme biscuit convaincu que le tout radio ce n'est pas bon.
Le QG dernier sur un magnifique vol dans les Aravis je décolle dans le premier groupe avec une fréquence défini au sol, fréquence qui change (car trop polluée)une fois que je me trouve déjà en l'air... Et avec la radio dans la sellette...(La radio devrait être accessible en vol je sais)
Heureusement un pilote garde la première fréquence sur une de ses radios, sans quoi j'étais 4h sans contact radio (restait le téléphone...)
Promis je prends une bi-bande pour ce QG

[Seb]

...

[DanielW]

Seb, même une Th22 d'il y a 25 ans rangée dans la poche dorsale de la sellette, permet de choisir entre 3 fréquences depuis le micro déporté.

Ensuite il est évident que la radio seule même sur la fréquence sécurité 143.9875 ne fait pas la sécurité, ni la tienne ni celles des autres. Ce n'est qu'un éventuel joker en plus que l'on a (ou pas) dans son jeu.

Si tu penses vraiment sécurité, en terme de retrouvabilité il faut un live tracking et de préférence de manière satellitaire car en montagne ou rase campagne les zones blanches existent.

[Édit] En fait si on pense vraiment sécurité, on évitera surtout de se mettre dans des situations pour lesquelles on est pas (encore) armé, tel ce pilote du RETEX. Son problème de radio et de communication n'est qu'une circonstance aggravante dans son accident mais certainement pas la cause de son accident. Mais bon ce qui compte au final reste quand même comment ça se termine.

Et si la question est plus de pouvoir échanger sur et pendant le vol (blablater) alors la solution est dans une deuxième radio de type ou carrément PMR-446. C'est à mon avis préférable à une bi-canaux voire bi-bandes, tant pour l'aspect réglementaire que sécuritaire.